SANTE

Gynécos : la lutte continue

19 novembre 2012

Vous nous suivez depuis presque deux ans maintenant et, malgré vos signatures, vos angoisses et un changement de majorité, rien n’est fait ! Marisol Touraine a remplacé Roselyne Bachelot et Xavier Bertrand mais la dernière entrevue au ministère des représentantes du Comité pour la Défense de la Gynécologie Médicale n’a pas eu le résultat attendu. Voici donc la lettre datée du 25 octobre, qu’elles viennent d’envoyer à la ministre.

Madame la Ministre,
Après avoir été reçues le lundi 8 octobre par votre conseiller, M. Djillali Annane, nous avons tenu notre conseil d’administration, devant lequel nous avons rendu compte de cette entrevue.
Votre représentant nous a écoutées avec une grande attention. Force est de constater que, malgré son souci de trouver un terrain d’entente, les réponses qu’il nous a apportées ne répondent pas au vœu exprimé par les millions de femmes à travers notre pétition. Les arguments avancés ne peuvent apaiser leur inquiétude, notre inquiétude, devant la situation de pénurie de gynécologues médicaux, qui, si aucune mesure n’est prise par les pouvoirs publics, conduira à la disparition progressive de la gynécologie médicale. Une véritable régression sociale pour toutes les femmes de ce pays.
Encore une fois, si la volonté d’écoute de votre conseiller a été réelle, les réponses qu’il nous a données ne nous ont pas laissé d’espoir quant à une augmentation significative et réelle du nombre de gynécologues médicaux à former chaque année. Or c’est de cette décision que dépend le devenir de la spécialité de gynécologie médicale, et avec elle la santé des femmes de ce pays.
Nos demandes se sont heurtées à l’argument des dispositions réglementaires. Tout d’abord, la procédure de définition du nombre de postes par les Agences Régionales de Santé (ARS), chargées de proposer le nombre de postes d’internes, à partir de la reconnaissance des besoins.

Ce à quoi nous avons fait remarquer que le nombre de postes, dans ce cas, n’est pas la traduction d’une volonté politique, mais d’une procédure technique. Et nous nous sommes étonnées que les ARS aient, par exemple, pu considérer que 0,5 gynécologue médical pour 5000 femmes en Auvergne, ou 0,8 gynécologue médical pour 5000 femmes en Ile de France (données du Conseil National de l’Ordre des Médecins) soient suffisants !
L’autre paramètre avancé par votre conseiller est celui des capacités de formation en termes de terrains de stage (CHU).
Nous lui avons alors fait part de notre perplexité : en région parisienne, où dix terrains de stage avaient été proposés, seuls six postes d’internes ont été créés. De plus, les représentants du Collège National des Enseignants de Gynécologie Médicale avaient transmis à vos services une liste de 40 terrains de stage immédiatement formateurs sur l’ensemble du territoire.
Pour nous la question n’est pas technique. Vous connaissez la situation, comme femme, comme élue aussi, puisque, en 2009, alors députée, vous avez défendu l’accès direct des femmes à leur gynécologue médical, dans le cadre de la discussion sur la loi HPST.
La situation est grave pour les femmes, des faits récents le montrent, comme l’attestent aussi les témoignages que nous joignons à ces lignes.
Les chiffres donnés par l’Observatoire National de la Démographie des Professions de Santé (0NDPS) viennent le confirmer : seules un quart des femmes en âge de consulter le pouvaient encore en 2011.

Et les résultats de l’enquête récente de l’INED et de l’INSERM en sont également la preuve. Ainsi, chez les 20-24 ans, « le suivi gynécologique a par ailleurs diminué chez ces jeunes femmes : en 2010, 12,2 % d’entre elles déclarent ne pas avoir de suivi habituel, contre 6,9% en 2000 » ! Combien seront-elles demain ?
Au vu de cette régression, dont les conséquences n’ont cessé de s’alourdir ces dernières années et sont déjà cruellement visibles aujourd’hui, nous pensons que comme ministre de la Santé aujourd’hui, vous êtes en situation de prendre toutes les mesures d’urgence nécessaires, en termes de nombre de postes d’internes ouverts en gynécologie médicale, pour répondre à la gravité de la situation.
Aucune femme ne saurait accepter ce retour en arrière, qui la conduirait à renoncer aux consultations de gynécologie médicale, parce que cette disparition mettrait sa santé en danger, mais aussi parce que la gynécologie médicale a toujours accompagné, en France, l’émancipation des femmes.
Votre conseiller n’a pas répondu pour vous, Madame la Ministre, ce que nous comprenons fort bien. Aussi notre conseil d’administration a-t-il estimé qu’il était important et urgent que vous puissiez nous accorder vous-même une audience, afin que nous soyons à même de vous donner à percevoir concrètement toute l’acuité de cette question, qui concerne les millions de femmes de ce pays.
En vous remerciant à l’avance pour votre réponse, dont nous aurons à cœur de faire part aux femmes, nous vous prions d’agréer, Madame la Ministre, l’expression de notre haute considération.

Pour le CDGM, les coprésidentes, Dr Marie-Annick Rouméas, Claude Groussin, Noëlle Mennecier, Marie Stagliano.

Croquis d’Armel Gaulme

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